Profil atypique, quésako?
Je ne suis pas fou, ma réalité est juste différente de la vôtre.
– Lewis Carroll
Un profil atypique est un profil qui fait peur, parce qu’on ne sait pas dans quelle case le mettre. Mais c’est aussi un profil qui attire, car il peut se révèler être un véritable couteau suisse au sein d’une société.
Surdoués, hauts potentiels, hypersensibles et compagnie mis de côté, un profil atypique sur le marché de l’emploi est quelqu’un qui n’a pas poursuivi la voie “traditionnelle” à savoir études ou apprentissage dans un domaine, suivi d’une longue et fructueuse carrière dans le domaine initialement choisi.
Prenons une personne qui a étudié l’ingénierie, et qui après une première expérience en tant qu’ingénieur, cherche à présent un poste d’expertise ou de manager. Ce profil là est tout ce qu’il y a de plus classique.
A l’opposé il y a la personne qui après un premier diplôme dans un domaine, décide de se diriger vers une autre discipline, que ce soit pour élargir son champ de compétence, ou tout simplement par passion. Et oui, c’est moi.
J’ai un bachelier en anthropologie, un master en civilisations et littératures de l’Extrême-Orient —mais je réduis souvent en disant que je n’ai que le chinois, parce que je l’ai beaucoup plus travaillé que le japonais :) — et je me forme actuellement dans le domaine du développement web.
Alors recruteurs, dans quelle case allez-vous me mettre et surtout, comment allez-vous justifier ce choix auprès de votre patron/client ? Vous avez deux heures.
Un profil atypique peut aussi être celui de la personne qui a travaillé dans un domaine pendant quelques années, puis qui a décidé de faire prendre à sa vie un nouveau tournant. C’est un peu l’histoire de mon coach BeCode, il était comptable avant. Et puis après tout vous savez ce qu’on dit : “ Si t’aimes pas ta vie, ben change ! ”.
Une force qui, mal utilisée, devient un handicap.
Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide.
– Albert Einstein
J’ai une très longue carrière de trois mois dans la logistique. Trois mois ce n’est pas très long me direz-vous. Non,c’est vrai. Mais quand on passe son temps à essayer de grimper aux arbres et de sauter de branche en branche comme Tarzan, alors qu’on est fait pour parcourir les océans comme Polochon, on finit vite par trouver le temps long…et en plus ca fait mal.
Ca fait mal à son estime de soi, spécialement quand on sort tout juste des études, et qu’on ne demande qu’à faire ses preuves. Selon les tests de personnalité et le retour de plusieurs personnes, je suis une personne empathique et créative qui a besoin d’être valorisée dans son travail.
Et quand on bosse pour un courtier dans le domaine de l’aérien il n’y a souvent de place ni pour la valorisation, ni pour la créativité. J’étais donc comme un poisson qui essayait de grimper à un arbre et je n’y arrivais pas. D’ailleurs je n’allais jamais y arriver, c’est désormais une certitude.
Pourtant, et contrairement à ce que cette première expérience m’a laissée croire pendant plusieurs mois, j’ai du talent. Il n’y a d’ailleurs pas que cette première expérience qui m’a donnée ce ressenti d’incompétence, les nombreux recruteurs et autres chasseurs de tête que j’ai eu en entretien téléphonique aussi.
En effet ceux-ci semblaient faire une belle croix rouge sur mon cv dès qu’ils apprenaient que je n’avais pas su m’adapter aux tâches, à la rigeur et au stress que me demandait et m’imposait mon ancien travail. Je n’ai jamais eu le sentiment que l’un d’entre eux comprenait que je n’avais pas aimé, et que ça ne m’avait tout simplement pas convenu, mais que j’avais plein de qualités.
A posteriori, je me dis que trouver un travail immédiatement après mes études ne m’a pas laissé le temps de faire introspection qui aurait été nécessaire, et qui fut finalement réalisée après cette première expérience plutôt chaotique. J’avais accepté un travail inadéquat à mon profil et ma personnalité, faisant de mon profil atypique un handicap plutôt qu’une force.
Une véritable opportunité, si on sait quoi en faire.
J’ai aujourd’hui une idée claire de la voie que je veux suivre, de ce que je veux devenir. Je sais sélectionner des choses que je veux apprendre et qui restent en adéquation avec ma personnalité. Tout cela en gardant et en valorisant ce profil que j’ai moi-même longtemps considéré comme étant une tare.
Alors c’est vrai que si on ne se connait pas soi-même, si on se laisse porter par le vent de recruteurs incompétents ou si on apprend pas à croire en ses capacités… c’en est une, de tare.
En revanche, si on prend en main son profil et qu’on décide de mettre en avant ce qu’il y a de particulier en nous, alors on devient unique… et donc recherché. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est la loi de l’offre et de la demande : plus une chose est rare alors qu’elle démontre ses bienfaits, et plus elle sera demandée, ce qui augmentera sa valeur.
Comme je le mentionnais au début de cet article, un profil atypique peut faire peur autant qu’il peut attirer. Il effraie les traditionnalistes du recrutement, les boites qui ne cherchent que des exécutants, et les managers qui désirent coûte que coûte conserver leur lead, ces derniers étant de parfaits adeptes du “ Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais”.
Par contre ce profil va attirer les entreprises basées sur une conception moderne du monde du travail. Les recruteurs ayant la capacité de déceler un talent adéquat pour un job adéquat — un bon recruteur en somme, mais je n’osais pas vraiment le dire — et un manager adepte du “regardez ce que je fais, comment je le fais, et apprenez”.
Le besoin humain le plus basique est celui de comprendre et d’être compris. Le meilleur moyen de comprendre les autres est de les écouter.
— Ralph Nichols
A bientôt ;)